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Heinrich Heine, La Loreleï
Ich weiß nicht was soll es bedeuten,
Dass ich so traurig bin;
Ein Märchen aus alten Zeiten,
Das kommt mir nicht aus dem Sinn.
Die Luft ist kühl und es dunkelt,
Und ruhig fließt der Rhein;
Der Gipfel des Berges funkelt Im Abendsonnenschein.
Die schönste
Jungfrau sitzet
Dort oben wunderbar;
Ihr goldenes Geschmeide blitzet,
Sie kämmt ihr goldenes Haar.
Sie kämmt es mit goldenem Kamme
Und singt ein Lied dabei;
Das hat eine wundersame,
Gewaltige Melodei.
Den Schiffer im kleinen
Schiffe Ergreift es mit wildem Weh;
Er schaut nicht die Felsenriffe,
Er schaut nur hinauf in die Höh.
Ich glaube, die Wellen verschlingen
Am Ende Schiffer und Kahn;
Und das hat mit ihrem Singen
die Lorelei getan.
À Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde
Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté
Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreriesDe quel magicien tiens-tu ta sorcelerie
Je suis lasse de vivre et mes yeux sont mauditsCeux qui m'ont regardée évêque en ont péri
Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreriesJetez jetez aux flammes cette sorcellerie
Je flambe dans ces flammes ô belle LoreleyQu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé
Evêque vous riezPriez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège
Mon amant est parti pour un pays lointainFaites-moi donc mourir puisque je n'aime rien
Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meureSi je me regardais il faudrait que j'en meure
Mon coeur me fait si mal depuis qu'il n'est plus làMon coeur me fit si mal du jour où il s'en alla
L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lancesMenez jusqu'au couvent cette femme en démence
Vat-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblantTu seras une nonne vétue de noir et blanc
Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatreLa Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres
Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut Pour voir une fois encore mon beau château
Pour me mirer une fois encore dans le feuvePuis j'irai au couvent des vierges et des veuves
Là haut le vent tordait ses cheveux déroulésLes chevaliers criaient Loreley Loreley
Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelleEt mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle
Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vientElle se penche alors et tombe dans le Rhin
Pour avoir vu dans l'eau la belle LoreleySes yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil
Je ne sais pas ce que cela signifie
Que je sois aussi triste ;
Un conte des temps anciens
Ne me sort pas de l'esprit.
L'air est frais, et il fait sombre
Et calmement coule le Rhin Le sommet des montagnes étincelle
Dans la lumière du soleil au crépuscule.
La plus belle jeune fille est assise
Là haut merveilleusement
Ses bijoux d'or brillent,
Elle peigne ses cheveux d'or.
Elle les peigne avec un peigne d'or
Et chante une chanson en même temps
Qui est une merveilleuse,
Puissante mélodie.
Ce chant saisit le batelier dans sa barque avec une violence sauvage
Il ne voit pas le récif
Il regarde seulement là haut, dans les hauteurs.
Je crois que les vagues engloutissent
À la fin le marin et la barque
Et cela avec son chant
La Lorelei l'a fait.
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
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